Troubles menstruels? Votre corps vous parle.
D’après la gynécologue américaine Dr. Christiane Northup, les troubles menstruels qui n’ont pas une cause apparente ont très souvent un rapport avec la façon dont nous vivons notre féminité.
Notre histoire personnelle et notre héritage menstruel, le stress lié à nos relations, les émotions qui résultent des conflits intérieurs entre ce que nous nous sentons obligées de faire (le conditionnement socio-religio-culturel) et ce qu’on aimerait faire (notre potentiel créatif freiné ou bloqué, notre nature authentique auto-censurée), tout cela influence la qualité de notre cycle menstruel.(1)
Les troubles de notre cycle sont un indicateur puissant et précieux que quelque chose ne va pas dans notre vie.
Récemment, j’ai été contactée par une femme (je vais l’appeler Sophie) qui souffrait de règles abondantes. Comme solution, son gynécologue lui avait proposé de prendre la pilule contraceptive. Facile et tentant. Sauf que quelque temps avant, Sophie avait décidé de se faire enlever le stérilet car elle sentait que les hormones la coupaient d’une partie importante d’elle-même, de sa féminité. Elle cherchait donc une solution plus douce et respectueuse de son cycle naturel.
Si vous vous trouvez dans ce cas de figures sachez qu’il est possible de diminuer voir faire disparaître les différents symptômes liés au cycle en le vivant plus consciemment.
Gardez une trace de votre cycle
Les idées que je vous propose ne vont pas faire disparaître vos troubles menstruels en un coup de baguette magique. Mais cette approche vous apportera de nombreux bénéfices dans le sens où vous apprendrez à vraiment bien connaître votre corps, votre cycle et comment prendre soin de vous-même de manière qui est la plus juste pour vous.
Notez bien que je ne parle pas ici de troubles menstruels dont les causes sont clairement d’origine physiologique et identifiées par votre médecin (fibrôme, cyste etc.) Ceci dit, si comme moi vous êtes convaincues que beaucoup de nos maladies sont psychosomatiques, c’est à dire que leurs causes sont principalement psychologiques ou dûes à une perturbation d’équilibre dans l’organisme, cette approche peut vous aider à mieux entrer en contact avec les causes racine de vos problèmes de santé.
L’observation est la clé
Pendant plusieurs cycles conséquents, soyez attentives aux changements de vos humeurs, vos émotions, vos niveaux d’énergie physique, vos besoins et envies (sommeil, nourriture, communication et contact avec le monde extérieur, sexualité…). Si vous ne prenez pas de pilule contraceptive, vous allez pouvoir observer de fortes variations dans tout ce que j’ai cité ci-dessus et bien plus.
Vous verrez émerger un certain schéma qui se répète plus ou moins de façon identique mois après mois. Sachez que tous ces changements sont le résultat de nombreuses fluctuations hormonales et que cela fait partie de notre féminité. Il vaut mieux l’accepter comme telle et apprendre à vivre avec le courant de ce flux que de se battre contre. Grâce à ce travail d’observation, vous allez pouvoir prévoir de mieux en mieux ce qu’il faut mettre en place pendant les périodes les plus difficiles de votre cycle afin de les vivre plus sereinement.
Notez vos observations dans un carnet, un petit journal cyclique. Gardez également une trace de vos symptômes. Notez quand ils apparaissent et ce qui se passe en ces moments-là dans votre vie privée et professionnelle, mais aussi dans votre vie intérieure (vos questionnements, vos frustrations, vos aspirations…etc.)
Il est intéressant de noter que parmi les femmes qui ont fait ce travail d’observation de leur cycle, elles sont nombreuses à constater que rien que le fait d’avoir prêté plus d’attention à leur corps et d’avoir donné une place plus importante à leur cycle a eu pour résultat une diminution substantielle des désagréments.
Dormez bien, mangez bien et “no stress”.
La qualité de votre sommeil, de votre nourriture et le stress que vous vivez dans de différents domaines de votre vie ainsi que votre relation à votre féminité, tout cela a une influence sur les troubles menstruels.
Et c’est donc précisément en adressant ces éléments-là que vous allez pouvoir amener des changements positifs et, avec le temps, faire diminuer les symptômes indésirables.
Dès que vous entrez dans la période prémenstruelle, accordez-vous graduellement plus d’heures de sommeil. Pendant les règles transformez-vous carrément en une ourse en hibernation dans sa grotte. Mangez de choses saines et simples, de préférence faites maison. Buvez des tisanes. L’alchémille, le framboisier, le lamier blanc ou l’achillée millefeuille, pour en citer quelques unes, sont les alliées de la femme et de son cycle.
Écoutez votre corps.
Ecouter son corps, c’est se reposer quand on est fatigué, arrêter de manger quand on a faim, aller faire pipi quand on sent le besoin. Mais aussi s’arrêter pour observer les nuages ou un oiseau si telle est votre envie. C’est dire non quand quelque chose ou quelqu’un vous sollicite plus que ce que vous pouvez lui accorder comme temps et énergie.
Ecouter son corps, c’est également savoir s’arrêter quand on a mal à la tête, se poser un instant et se demander à soi-même: “ Comment je-vais? De quoi ai-je besoin maintenant?” Savoir entendre la petite voix qui répond et se permettre de la suivre, c’est une aptitude que l’on ne nous apprend pas à l’école. Notre corps possède sa propre intelligence et sait souvent mieux que la tête avec son perpétuel flux de pensées et d’arguments ce qui est bon et juste pour lui. Faites lui confiance.
Si vous sentez des tensions ou des émotions puissantes émerger pendant la période prémenstruelle, ménagez-vous des moments pour les canaliser et les évacuer via une activité qui vous fait du bien. Dansez, marchez ou faites du sport. Créez, peu importe dans quel domaine, mais faites le purement par plaisir et rien que pour vous.
La phase prémenstruelle est également caractérisée par des pics de créativité alternés de grande fatigue, des vagues d’énergie presque frénétique et d’une grande richesse d’émotions. Si vous vous efforcez à les maîtriser ou à les supprimer coûte que coûte, vous risquez de vous transformer en une casserole à pression dont la soupape va tôt ou tard finir par lâcher.
Si vous souffrez de règles douloureuse et/ou abondantes, il se peut aussi que votre corps essaie de vous dire que quelque chose sape votre énergie vitale plus qu’il ne le faut.
Dans ce cas, ralentissez et repliez vous sur vous-même. A la maison et au travail, arrêtez d’être “la bonne” de tout le monde, pensez plus à vous et faites uniquement ce qui est réellement nécessaire. Déléguez au maximum et accordez plus de temps aux choses que vous avez vraiment envie de faire. Nourrissez vous, votre âme et votre esprit. Allez à la rencontre de vous-même. Parlez à votre douleur, dessinez-la ou dansez-la, écoutez ce qu’elle vous raconte. Souvent ce sont des choses que nous n’avons pas envie de voir, que nous repoussons ou reportons pour plus tard. Alors, notre corps se met à crier comme pour dire: „Eh ho! Regarde par ici, c’est vraiment important!“
Dans son merveilleux livre Her Blood is Gold (malheureusement pas traduit en français), l’auteur et l’éducatrice menstruelle Lara Owen explique que les mêmes aspects du cycle menstruel qu’on nous a appris à détester contiennent en eux énormément d’informations.
Les douleurs menstruelles, les symptômes sont des messages, des expressions visibles des perturbations plus profondes. Ils nous réveillent et attirent notre attention là où elle est nécessaire. En extraire le sens est un travail individuel de chacune mais cela nécessite toujours apprendre à se connaître, à passer du temps avec soi-même, à se mettre à l’unisson avec son corps.
Lara Owen
La revolution commence par soi-même
Pour votre entourage, cela peut paraître radicale si vous décidez de vivre en écoutant les messages de votre corps. Cela reste très inhabituel qu’une femme puisse vouloir organiser sa vie et son temps en respectant les fluctuations cycliques de ses énergies, envies, besoins et capacités. Après tout, nous sommes toutes tellement habituées à penser surtout aux autres, à donner de soi, à nous forcer, à nous obliger à répondre à la multitude d’attentes que nous sentons dans chaque domaine de nos vies.
Vivre en accord avec son cycle menstruel est un acte radical. N’ayez crainte et soyez radicale. Revendiquez la sagesse de votre cycle. Ce monde en a besoin.
Et vos proches? Ils s’y habitueront. Ils comprendront que cela ne rend service à personne si vous êtes épuisée, affaiblie et sans joie de vivre. Vous n’avez pas besoin d’en faire toute une guerre, il suffit de stipuler vos besoins et, gentiment mais fermement, s’y tenir à chaque fois.
Astuce: Vous pouvez utiliser la roue du cycle menstruel afin de communiquer plus facilement à vos proches dans quelle phase du cycle vous vous trouvez. Avec le temps et un peu de communication bienveillante au sujet du cycle, ils vont savoir quand ils doivent s’attendre à un ralentissement de votre part et apprendront à respecter vos besoins.
Votre cycle est une boussole précieuse dans votre vie de femme et le vivre consciemment est un véritable chemin de dévéloppement personnel. Vivez en harmonie avec ses énergies et vous serez beaucoup mieux dans votre peau. Plus radieuse, sereine, confiante et en accord avec vous même. Et c’est ainsi qu’au final tout le monde y gagne.
(1) Women’s bodies, women’s wisdom, Dr. Christiane Northup