La journée mondiale des menstruations
Ok, en réalité, la journée du 28 mai s’appelle « La journée mondiale de l’hygiène menstruelle ». Son focus principal est surtout le manque d’éducation menstruelle là où de nombreux interdits, mythes et tabous rendent la vie des femmes menstruées difficile ainsi que la précarité des produits sanitaires.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, des millions de femmes autour du globe n’ont pas accès aux informations correctes concerant leur cycle menstruel. L’accès aux produits hygiéniques menstruels de base représente également un vrai problème. Trop onéreux ou difficiles à se procurer, cette réalité oblige de nombreuses femmes à avoir recours à toutes sortes de solutions improvisées. Étonnamment, ce ne sont pas que les pays « pauvres » qui sont concernés. C’est aussi la triste réalité d’une partie de femmes en Europe et d’autres pays « riches ».
Le sujet du droit à l’accès aux produits sanitaires mais aussi l’autre côté de la même pièce, l’impact écologique de l’utilisation des produits sanitaires jetables, sont des sujets très importants mais aussi vastes. Je vais certainement y consacrer un ou plusieurs de mes futurs posts.
Mais aujourd’hui, j’ai envie d’aborder le sujet de la place des menstruations dans notre éducation et notre quotidien.
Rompre le silence
Je trouve géniale l’idée que les menstruations puissent avoir leur propre journée mondiale. J’ai envie de dire haut et fort : « Célébrons nos règles ! »
Pourquoi ? Rien que pour le fait que sans cette fonction importante de notre corps, le miracle de la Vie ne pourrait se produire. Notre cycle représente un énorme potentiel créatif. Que ce soit pour donner la vie à un enfant ou à une idée, un rêve, un projet.
Que cela vous enchante comme moi, vous choque, vous fasse lever les sourcils, vous fasse rire ou vous laisse indifférent(e), accorder aux menstruations leur propre journée mondiale est indispenseble pout faire ressortir de l’ombre ce sujet toujours un peu tabou .
Quelle éducation menstruelle?
Peut-être comme moi, vous aussi vous faites partie de femmes pour qui l’expérience du premier contact avec leur sang menstruel était plutôt triste.
Le jour de mes premières règles, à l’âge d’onze ans et demi, ma maman était à l’hôpital. Ma grand-mère qui s‘occupait de nous m’a tout simplement amenée à la salle de bain et m’a montré où se trouvaient les serviettes. Elle m’a demandé si je savais comment les mettre. Son visage était très sérieux, elle m’a à peine regardée. Je ne sais pas si elle en a touché un mot à mon papa. Toujours est-il que moi, je me sentais grande, autre, spéciale mais tout le monde faisait comme si de rien n’était. Avec le recul, je me rends compte à quel point ce fût perturbant.
J’imagine que je suis loin d’être la seule à avoir grandi avec très peu d’images positives concernant mon corps de femme en devenir. Pour les femmes de ma famille, comme pour tant d’autres, les menstruations n’étaient qu’une affaire salissante et faisaient partie du malheureux lot des femmes. Un sujet entouré de honte plutôt que de fierté.
Je n’avait aucune idée non plus sur la façon dont ma maman vivait ces cycles menstruels. Elle me paraissait toujours la même. Un vrai turbo dans le ménage, super efficace mais aussi dure et costaude comme la pierre. Je réalise aujourd’hui que les femmes de ma famille m’ont transmit le message suivant:
« Les règles, ça ne doit rien changer à ton comportement. On n’en parle pas, on serre les dents et personne ne doit s’apercevoir quand tu les as! »
Peut-être vous-a-t-on expliqué davantage , et tant mieux. Mais je parie que pour la grande majorité parmi vous, ces explications se sont limitées à l’aspect purement physiologique de la fertilité féminine.
Redonner une place d’honneur aux règles
Que l’on puisse honorer, célébrer et être reconnaissante pour les dons cachés du cycle menstruel et de nos organes féminins, la plupart de nous n’en avait pas la moindre idée en grandissant.
Je sais, c’était une époque comme ça. Mais je ne peux pas m’empêcher de ressentir de la tristesse pour toutes ces femmes qui ont dû vivre toute leur vie entièrement coupées d’une partie aussi importante d’elles même. C’est donc avec joie, gratitude et un espoir grandissant que j’observe comment les temps changent. Graduellement, de plus en plus de femmes retournent à une façon plus naturelle de vivre leur cycle menstruel.
J’ai mis du temps pour changer mon propre regard sur la cyclicité féminine. J’ai vécu treize ans avec la contraception hormonale, sans être consciente des enjeux. A mes 29 ans j’ai dit au revoir à la pillule pour pouvoir devenir maman. Deux ans et un bébé plus tard, je me suis rendue compte que je n’avais plus envie de continuer à mettre des hormones artificielles dans mon organisme. A partir de ce moment-là, j’ai commencé à vraiment explorer les richesses de mon cycle et à les apprécier.
J’ai appris à mieux me connaître, à sentir que ma façon d’être change tout au long du mois. Qu’il y a des moments où j’adore être active mais qu’il y en a d’autres où j’ai besoin de me retirer et me replier complètement sur moi-même.
Le sang menstruel n’est pas un déchet
Quelle est votre relation à votre sang menstruel ? Est-ce que vous savez le voir comme quelque chose de précieux ? Est-ce que vous savez apprécier ce temps du mois où, par l’intermédiaire de votre sang menstruel, vous avez l’opportunité de laisser partir et transformer tout ce qui doit partir afin de pouvoir s’ouvrir à quelque chose de nouveau ?
Notre cyclicité n’est rien d’autre qu‘une danse incessante de la mort et de la renaissance. Ce même rythme, sur une plus petite échelle, on le trouve dans dans la nature année après année, mais aussi dans chaque vie humaine. A des moments différents, quelque chose de nouveau naît, grandit, mûrit, donne ses fruits et ensuite dépérit, meurt et, en ce faisant, fertilise le sol pour une nouvelle naissance.
Il fût un temps où le corps féminin et ses rythmes étaient respectés comme le miroir de cette sagesse universelle. Des lois qui gouvernent la nature, la Vie. Le sang menstruel était honoré comme mystérieux et puissant et était même utilisé pour des rituels.
Peut-être avez-vous du mal à l’imaginer ou faites-vous partie des femmes qui trouvent cela complétement bizarre, dégoûtant ou ridicule? Je vous invite à explorer d’où viennent ces attitudes et émotions. Est-ce vraiment comme cela que vous avez envie de percevoir votre propre sang menstruel?
Et si vous sentez qu’il est temps de changer votre relation avec ce fluide corporel à la composition très intéressante, sachez qu’il existe de nombreuses façons de se le réapproprier et de créer une relation de bienveillance, de respect, d’admiration et de fierté avec lui.
Je vous promets que votre relation avec votre propre corps va changer de façon assez radicale. Ainsi que votre capacité de vous aimer telle que vous êtes. Vous deviendrez plus bienveillante avec vous-même mais aussi avec les autres femmes.
Vivre votre cycle menstruel consciemment, écouter les rythmes de votre corps et les honorer devient alors un véritable chemin de développement personnel.
Oser et explorer
Voici quelques idées pour travailler avec votre sang menstruel. Cela vous aidera à vous libérer de certains vieux schémas aussi bien que des tabous qui l’entourent. Idéalement, il faut pouvoir récupérer le sang menstruel (au moins pendant une partie de vos règles) via l’usage d’une coupe menstruelle, en pratiquant les menstruations libres ou utiliser des serviettes en tissu ou une culotte menstruelle.
- Le sang menstruel est un excellent fertilisant (pas étonnant, sa composition étant très riches en nutriments et cellules souches). Diluez-le avec l’eau d’arrosage et vos fleurs ou votre potager vont vous remercier. (Si vous n’utilisez pas de coupe menstruelle mais des serviettes en tissu ou une culotte menstruelle, faites les tremper dans l’eau froide après usage et utilisez cette eau pour l’arrosage).
- De même manière, vous pouvez récupérer un peu de sang et vous en servir pour l‘offrir à la Terre. J’aime bien faire un petit mandala éphémère au pied d’un arbre dans mon jardin et ensuite verser le sang ou l’eau mélangé avec le sang par dessus avec remerciement. Un rituel tout simple pour honorer mon cycle.
- Peignez avec votre sang. Oui, oui. Peindre avec quelque chose qui faisait partie de vous peut vous amener très profondément. Créer avec votre sang menstruel peut ouvrir une ou deux portes fermées de votre inconscient. Cet acte a le potentiel de guérir l’attitude de gêne que vous sentez peut-être à ce sujet. D’ailleurs, il existe des artistes qui utilisent l’art menstruel comme un act de revendiquer le respect pour la femme et son corps et ainsi contribuent à la guérison du féminin.
2 thoughts on “La journée mondiale des menstruations”
Merci Lenka pour ton article :).
Ma maman, m a rassuré ce jour de ma première menstruation :). Elle m a donné une grosse poignée de laine de cotton et une autre en reserve. A l époque la serviette était rare (on les attendait dans des longues queues devant la pharmacie :)) … Elle en a formé pour moi quelque chose de confortable et qui s adaptait bien a mon corps. J ai vu la joie dans son visage et me souviens très bien cette belle matinée d école. Nous avons eu l éducation physique à l extérieur, et le soleil ; j ai eu 13 ans. Comme toi, je me sentais exceptionnelle, nouvelle, unique et fière. C est ça, qu elle a dû ressentir ma maman, la fiérté :)) !
C était une femme belle, sage et indépendante mais elle ne convenait pas a cette société mysogine qui la forçait de se soumettre aux devoirs obligatoires et sans merci.
Nous avons beaucoup plus de chance, vive la journée de la menstruation :))) !!!! :)))
Bonjour Magdalena, merci beaucoup pour ton partage 😍.