Quand l’enchanteresse parle

Quand l’enchanteresse parle

“Si j’avais vécu quelques siècles plus tôt, j’aurais probablement fini sur le bûcher. “, est la première pensée qui a traversé mon esprit alors que je m’observais pendant ma crise de rage, il y a une dizaine de jours. Une chose qui ne m’arrive pas très souvent mais quand cela se passe c’est presque toujours au même moment de mon cycle (comme me le confirme mon journal cyclique que je fais depuis presque un an maintenant).

Dans l’Enchanteresse , la rebelle en moi est intenable. C’est en rangeant furieusement, un après-midi pluvieux au milieu de la semaine, avec la musique techno à fond que, soudainement, une partie de moi s’est arrêté net et a constaté: ” Mais en fait, cette musique qui t’arrache les oreilles elle est là pour couvrir ce qui crie au fond de toi…”

Eh oui. Je ne suis pas bien, mais je ne veux pas le savoir, ni l’entendre et pour fuir j’espère réduire au silence la petite voix qui essaie d’attirer mon attention sur mon mal-être. Je la noie dans les rythmes déchaînés de techno des années 1990s et avec beaucoup d’agitation extérieure.

Puis je m’arrête. J’arrête la musique, je prend mon courage et j’essaie de m’obliger à l’écouter. Je sais qu’en ce moment, via des images et des sensations, l’Enchanteresse fait émerger de mon inconscient tout ce qui gratte, ce qui coince, ce qui dérange, ce qui gêne… Que veut-elle me dire? Crotte! Juste pas envie de l’entendre! Je me sens nulle! Je crie un coup, je jure comme un charretier puis je me remets à nettoyer avec encore plus de détermination. La musique à fond, je frotte, je pleure, je m’écroule, je me relève, je crie à nouveau.

Je me rends compte que cette musique (si on peut appeler ça comme ça) correspond parfaitement à l’agressivité et à la colère qui m’habitent depuis deux jours, que je veux repousser et qui, comme un volcan longtemps endormi, se sont réveillées. Plus moyen de les ignorer.

J’arrête une fois de plus le techno de ma jeunesse, je laisse les larmes couler et dans le silence je secoue les couvertures par la fenêtre. Je commence à me calmer pendant que je lave énergiquement le parquet mais au moment où je me lève, je me cogne la tête contre l’armoire. Un sanglot s’échappe d’entre mes dents serrées, suivi d’ un deuxième juron. Je tape le torchon par terre et je commence à rire à gorge déployée. Je me sens hilare, tout à coup. Vous comprenez maintenant pourquoi je suis contente d’être toute seule à la maison et née à notre époque…

La paix s’installe graduellement. J’abandonne le nettoyage, je sors ma tête par la porte pour prendre quelques gorgées d’air frais et puis je m’assois.  L’enchanteresse sait que je l’écoute, enfin.

La compréhension me vient presque immédiatement. Depuis un certain temps, je me sens piégée dans les soit disant “justes” et “bonnes” façons de vivre, de travailler, d’être mère, d’être épouse et je ne sais tout quoi. Et même si pendant les autres phases de mon cycle je sais négocier avec la rebelle en moi et la faire taire, quand c’est le tour de l’Enchanteresse de venir habiter mon corps tous mes arguments perdent en puissance, elle ne veut rien entendre et me pousse dans mes retranchements avec une question simple:

“Où est-ce que tu ne t’autorises pas à être vraie? Quelle partie de toi n’oses-tu pas vivre et assumer pour qu’elle revienne, telle une ombre, remplir ton esprit,ton coeur et ton corps avec cette rage, cette frustration et cette agressivité?

Et les réponses viennent presque tout de suite parce que,  au fond, je les portais en moi tout ce temps. Mais elles sont confrontantes avec ce qu’est ma vie maintenant et c’est à moi de trouver des façons créatives et non destructrices de prendre soin de cette partie rebelle, désireuse de liberté, magnifiquement sauvage, créative et inspirée  en moi.

Les énergies de l’Enchanteresse sont fascinantes et,  à la fois, font souvent peur. Les réactions émotionnelles fortes et incontrôlables, le fait que certains circonstances et situations qui sont acceptables le reste du mois deviennent soudainement intolérables et déclenchent des crises de nerfs, tout cela est notre inconscient qui nous signale qu’il y a quelque chose à voir, à résoudre en nous-mêmes.

Ignorer sa voix serait passer à côté d’une merveilleuse occasion de comprendre, de mieux se connaître, d’accepter et de guérir les aspects problématiques de notre personne. C’est aussi une opportunité d’identifier ce qui nous manque dans notre vie pour nous sentir vraies, épanouies et de déterminer quels sont les besoins et les désirs qu’on peut, ensuite, adresser avec des actions appropriées lors de la prochaine phase dynamique, dans la phase de la Vierge.

Cultivons la conscience et la connaissance de nos énergies changeants. Nous les vivons chacune à notre manière, mais elles sont là chez nous toutes. A nous d’apprendre à reconnaître les rythmes de nos corps.

Acceptons leurs dons, acceptons le fait que nous sommes changeantes, comme la Lune. Une, toujours la même et pourtant chaque jour un peu différente. En acceptant notre nature cyclique, nous cultivons également la capacité d’embrasser les changements dans notre vie, avec grâce et légèreté et nous créons ainsi une vie plus harmonieuse, plus satisfaisante et plus en accord avec le fait que nous sommes nées femmes.

 

(l’article publié sur mon site Loona Dance Belgique)

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