Les trésors de la période prémenstruelle

Les trésors de la période prémenstruelle

J’ai craqué. A peine le seuil de la porte traversé, mon mari s’est retrouvé avec une femme à moitié effondrée dans les bras.

“Je n’en peux plus!…” Entre les sanglots désespérés, j’arrive à faire quelques phrases cohérentes qui se résument par : je veux tout bien faire, je me sens fatiguée, je me sens seule, je me sens débordée, je veux faire mes valises et partir loin de vous tous… je déverse tout cela sur mon homme et puis je pleure.

Il y a quelques années, ce même genre de situation aurait créé des tensions au sein de notre couple et probablement un conflit. Mon mari aurait eu l’impression que je lui fais des reproches, il se serait senti dans l’incompréhension devant autant d’émotionnalité. Et probablement impuissant et agacé. Il aurait réagi soit avec colère, soit une attaque verbale ou un silence glacial et une retraite dans sa “grotte”.

De mon côté, j’aurais probablement réagi avec une contre-attaque ou une sensation de désespoir que l’on m’ignore. On se serait disputés, on aurait fini épuisés et mal tous les deux. 

Lève la main qui s’y retrouve.

Image by Ryan McGuire from Pixabay

En écrivant le journal de mon cycle, au fil des mois, j’ai pu constater que ces situations avaient une fâcheuse tendance à venir surtout lors de ma période prémenstruelle. Je redoutais la femme que je pouvais parfois devenir pendant ces périodes-là.

Aujourd’hui je sais, de ma propre expérience et de celle des autres femmes, que nous redoutons la phase prémenstruelle surtout parce qu’elle fonctionne comme une sorte de loupe qui,  d’un seul coup, nous montre de façon nette et claire, ce qui ne fonctionne pas dans notre vie. 

Pourquoi?

Dans la période prémenstruelle, notre attention est naturellement tournée davantage vers nous-même. Notre intuition est accentuée et c’est comme si un canal direct s’était ouvert entre notre inconscient et notre conscient.  Notre capacité de sentir ce qui est juste ou pas juste pour nous devient extrêmement aiguë. 

C’est le moment où nous sommes sans pitié, ramenées devant ce qui ne va pas dans notre vie, nos relations, ce que nous tentons d’ignorer, repousser, remettre à plus tard. D’où le fameux criticisme massacrant des femmes prémenstruelles au sujet duquel tant de blagues et clichés circulent dans notre société. 

Seulement, si nous ne voulons pas ou nous ne pouvons pas reconnaître, respecter et adresser nos besoins et vivre notre vérité, mais qu’au contraire nous les étouffons et ignorons, tout cela vient frapper à la porte de notre conscience. Et pas avec douceur. 

La tension en nous devient insupportable. Et c’est là, que souvent, nous nous transformons en une casserole à pression dont la soupape lâche. Gare à ceux qui se trouvent dans la première ligne de tir.

Nous avons alors deux possibilités. Soit nous regardons la période prémenstruelle de manière négative et alors nous l’appréhendons. Nous souffrons, nous sommes mal dans notre peau mois après mois avec les émotions puissantes qui s’accumulent en nous et puis explosent régulièrement.

Ou alors nous voyons ces périodes comme un cadeau et nous apprenons à nous servir de la fonction catalytique de la phase prémenstruelle pour notre bien-être. 

Comment faire?

Premièrement, en prenant conscience que c’est ok. Que sentir toutes ces pressions intérieures est normal car il y a quelque chose qui demande à sortir à la surface, quelque chose qui veut être changé. 

Si nous luttons contre, cela ne va que s’empirer. L’autre solution est de soulever le couvercle, voir la soupe qui mijote et surtout aller voir ce qui se trouve dans le fond. 

Pendant la phase prémenstruelle, un rien peut nous contrarier, nous plonger dans des émotions puissantes et complexes. Mais ces émotions ne sont que des indicateurs sur le chemin qui attirent notre attention et nous pointent dans la bonne direction. Lorsque nous voyageons et que nous nous trouvons à un carrefour, nous n’allons pas nous énerver devant les panneaux indicateurs. Nous allons, au contraire, être contentes qu’ils soient là pour nous aider à nous orienter. Faites de même avec vos émotions “négatives”.

Une fois que nous remuons la soupe et observons ce qui remonte sur la surface (nos vrais besoins), il est plus facile de commencer à entrevoir les solutions. Et la tension cède peu à peu. Là où, auparavant, nous nous sentions désespérées (je ne comprends pas pourquoi je suis comme ça, je ne sais plus quoi faire, il n’y a rien qui va), nous pouvons maintenant mettre les mots sur ce qui devrait changer.
J’ai besoin de plus de temps pour mes projets.
J’ai besoin d’aide avec les tâches ménagères.
J’ai besoin de moments de solitude.
J’ai besoin de partager la charge mentale quant à tout ce qui concerne nos enfants.
J’ai besoin de voir plus de monde.
J’ai besoin d’espaces créatifs. 


Avec cette clarté, nous pouvons beaucoup plus facilement ajuster les choses dans notre vie et ainsi diminuer le risque d’exploser ou de s’effondrer à nouveau. 

C’est un des grands cadeaux que la phase prémenstruelle nous apporte. La connaissance de ce qui ne fonctionne pas et ensuite la compréhension de ce que nous voulons vraiment. Et viennent des idées sur comment on peut changer les choses dès que la phase dynamique, la phase préovulatoire nous apporte une nouvelle vague d’énergie pour mettre tous ces changements en place. 

Il suffit de regarder sous le couvercle et remuer la soupe.

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